jeudi 26 septembre 2019

phénomène OVNI


       Arrêtons de nous voiler la face et de faire comme si rien n'était évident. Impossible de les ignorer....ils sont là, disséminés sur toute la planète avec des apparitions de plus en plus présentes, furtives, troublantes...et il faut le dire angoissantes. Qui sont-ils ?
En faisant un compte...certes personnel et approximatif, je peux sans trop me tromper les estimer à plus de cinq cents vaisseaux et apparitions auxiliaires répartis sur toutes les longitudes et latitudes terrestres, attendant je ne sais quoi, à l'affût de quelque événement majeur qui puisse les faire réagir et se montrer à visage découvert. 

Les apparitions sont nombreuses, ciblées en des lieux bien définis, une représentation effective parfois en des vaisseaux-mères de dimensions gigantesques, répartie comme sur un jeu d'échecs attendant la chute du roi et celle de la reine pour s'incruster et dire : c'est fini de faire joujou, nous voilà... échec et mat !.
Leurs bases : des lieux où ils ne sont pas censés être comme sur la face cachée de la Lune, les profondeurs maritimes de la Terre ou la proximité des volcans....allez savoir pourquoi mais ils sont là, peut-être même parmi nous, revêtant notre apparence ou l'apparence de nos dirigeants (clin d'oeil à certains illuminés qu'on se demande s'ils sont vraiment d'ici) ou bien en occultant notre propre vision des choses. Notre perception de l'environnement, parlons-en, ils sont suffisamment avancés technologiquement et séculairement qu'ils ont appris à dépasser nos capacités psychiques ; leur mental doit être suffisamment évolué pour être maître de notre propre perception tactile et visuelle et pouvoir les manipuler à leur bon vouloir. Sachant notre agressivité ancestrale, nos propres doutes, notre ignorance belliqueuse sur la tolérance et l'indifférence vis à vis d'autrui, paradoxalement, ils craignent nos débordements capricieux, impulsifs et s'amusent de notre velléité héréditaire et mutuelle à nous détruire.
Pourquoi s'interposer alors que nous fabriquons notre propre extinction. 
Ces témoins silencieux, ces reporters universels ne sont là, pour l'instant qu'en spectateurs à la neutralité évidente et passive face à une humanité suffisamment déjantée, à l'évolution imparfaite qui ne serait que l'artisane de sa propre perte.
En fait, je reste persuadé qu'ils ne sont là que pour, comme des parents attentifs à l'éducation de leurs enfants, nous apprendre le bien fondé de la vie et la marche à suivre pour survivre à notre monde et enrayer par souci de protectionnisme sa destruction.
Maintenant, je reste persuadé qu'ils ne sont pas tous capables des meilleures intentions à notre égard et que, dans le lot de ces petits ou grands visiteurs venus d'ailleurs, il y en est qui n'attendent que la fin de nos petites guerres intestines pour devenir le moment propice l'espèce dominante de notre Terre pour nous asservir... ou nous anéantir....la planète est si belle..qu'elle a dû faire des envieux...depuis les dinosaures. Ne dit-on pas que l'occasion fait le larron et je ne leur en voudrais pas...vu l'état dans lequel nous la martyrisons depuis des siècles par notre insouciance et notre boulimie de pique assiette ...nous ne la méritons pas....

et moi, si j'y pense, pourquoi ne le penseraient-ils pas ?

mercredi 25 septembre 2019

souvenez vous



.Ils sont parmi nous !.....

C'est peut-être votre voisin, votre épicier du coin ou votre mécanicien...il est passé maître dans l'art de se fondre dans la foule, vous donnant l'illusion d'être en présence d'un être physiquement humain mais derrière le masque se cache une autre VERITE.....

Ils sont là...parmi nous, ces êtres venus d'ailleurs. Ils nous entourent, passés maîtres dans la dissimulation, étudiant chaque geste de notre vie quotidienne...et ils apprennent bien...et VITE.

Sont-ils, comme nous, belliqueux ou pacifiques ? L'Avenir nous le dira, un avenir très proche à en croire certains éminents privilégiés.

Depuis la nuit des temps, ils nous observent et parfois s'immiscent dans les décisions que nous prenons aux conséquences désastreuses, en les évitant de justesse...

Cet aspect protectionniste nous incitent à croire à leur pacifisme mais serait-ce une feinte pour nous bluffer, nous rassurer pour mieux nous contrôler ?

Génétiquement, seraient-ils le chaînon manquant de notre évolution ?

Viennent-ils de notre futur ? et le fait actuel d'éviter tout rapprochement physique avec nous ne fait-il pas partie de ce paradoxe temporel qui nous empêche de changer le moindre événement du passé ce qui influe inévitablement sur notre futur ?

Tant de questions demeurent sans réponse tant qu'ils resteront les observateurs passifs de notre évolution.

Maintenant, dans le cas où mieux nous étudier serait une possibilité de mieux nous asservir, au vu d'une technologie qui s'avère être nettement supérieure à la notre, nous devons nous attendre à passer de très longs...ou très courts pénibles moments.....

si la vérité est ailleurs....il n'en demeure pas moins...qu'ils sont parmi nous !

La fiction, l'imagination de nos scénaristes n'est peut-être pas si fictive, si imaginative que nous le pensons...
le futur peut être Indépendance Day ou Men in black....à choisir, je prends le second car dans toute chose, il y a une part de vérité....

Restons sur nos gardes...et attendons !

jeudi 15 août 2019

mise en bouche hugoien

La lune était sereine et jouait sur les flots. —
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?
Clair de lune
Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'un voix grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? —
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... —
La lune était sereine et jouait sur les flots.

Mardi 2 septembre 1828.

Victor Hugo (Les Orientales)

mercredi 14 août 2019

Bonjour mes ami(es), je reviens après une longue période d'incertitude. Mon premier devoir en tant qu'ami et blogger est de vous présenter des excuses pour n'avoir pas répondu à vos commentaires d'amitié et de soutien. La particularité, lorsqu'on arrive à un âge certain, c'est de ne pouvoir maîtriser entièrement l'informatique et...mon blog en avait occulté les commentaires. Or, le fait de n'avoir plus de commentaires m'avait fait penser que....je n'en avais pas. Déçu, j'ai ralenti la transcription de mes voyages, me lançant dans la rédaction d'une nouvelle histoire de science-fiction plutôt abracadabrante avec un épilogue d'arrêt de blog en pente douce.
Aujourd'hui, j'ai décidé de rouvrir mon blog avec de nouveaux articles de voyage en espérant que vous pourrez, à nouveau, me suivre avec toute votre amitié et...vos commentaires.
Je remercie Daniela, Elena, calamity Jane et bien d'autres pour me suivre à nouveau autour du monde en compagnie de mes chères Mai et Moon et de Chris, mon frère.
Maintenant, place à l'Aventure avec un grand A. Bientôt, le premier épisode.
Bien à vous. Votre dévoué Chris Daniels.

lundi 8 janvier 2018

Avant, j'étais...

Avant, j'étais....

Il arrive parfois qu'à partir d'un certain âge et au vu de quelques dérapages de nos possibilités cognitives, le mode imparfait semble être la seule façon de résister aux aléas du temps. Avant, j'étais....mais avant ? Que cela représentait-t-il ? Les souvenirs sont flous, désordonnés, presque sans consistance. Ils arrivent, s'évaporent aussitôt en ne laissant à la place qu'une interrogation du moment....de quoi étais-je en train de parler ?. Les images deviennent rares, les visages s'estompent jusqu'à disparaître pour ne revenir parfois qu'hachurés, indistincts à l'exemple d'une vie trop remplie ou d'instants stériles.

Puis, les années passent...

Le chemin qui conduit au souvenir devient une voie sans issue où chaque fait se fixe et empêche les autres de progresser dans cette mémoire qui nous fait défaut, alimentant à la fois bredouillages et silences. Le temps s'arrête enfin, marque un moment d'incertitude et de repli sur le dernier mot employé ou la dernière phrase construite avant de s'échapper de notre bouche....le dernier mot que l'on a oublié, la dernière phrase qui s'est envolée....

Avant, j'étais......les jours passent... on devient tributaires des autres, de leurs souvenirs communs avec les nôtres, différents parce que personnels, construits dans leur façon de vivre, étrangers dans la façon de les aborder....ou plus rien n'a de sens parce qu'on a oublié, parce que ça ne nous concerne pas ou plus.
A mesure que le temps passe, on se laisse bercer par l'inconsistance des heures dans un moment suspendu, irréel où chaque visage défile en coup de vent, le reflet d'un miroir sans tain telle la page d'un livre que l'on referme aussitôt sans absorber le sens du moindre mot, un inconnu barbare parce que désappris ou trop vite aperçu.
Alors, le regard se tourne, cherche de l'aide, n'aperçoit que des larmes qui coulent de visages qui se détournent par pudeur ou par affliction ; on essaie de sourire, de tenter de faire savoir que leur présence est salutaire même si elle est éphémère dans la continuité...on saisit la question sans la comprendre...Te rappelles-tu.... Maman ou Père lorsque nous étions enfants, dans le jardin de la maison... ? On acquiesce de la tête par habitude pour rassurer même si on a oublié le sens du terme. Alors, on a plus qu'un souhait... bien vite être seul pour revenir dans le monde où l'on s'est réfugié, aménagé sans contraintes, sans images douloureuses parce qu'inconnues... jusqu 'au lendemain où tout recommence par nécessité mais où, hélas, rien ne reste.

dimanche 7 janvier 2018

Ultime écrit

Lundi 7 mai 2001

Aujourd'hui, le temps est mitigé, mi-figue, mi-raisin disait à l'époque Georges, le précepteur de Richard. Le chemin est un véritable bourbier. Il pleut depuis huit jours, des averses entrecoupées de rayons de soleil éphémères, sans chaleur....des giboulées à retardement qui laissent la campagne printanière détrempée et silencieuse. En arrivant à la maison, l'herbe est déjà haute et le parc ressemble plutôt à une savane bientôt submergée par des herbes à éléphants. Autre déception, pas de manuscrit laissé sur la table. ILme faudra attendre une autre semaine.

Mardi 15 mai 2001

ça y est. Je crois que c'est parti. Depuis hier, la pluie s'est arrêtée et un beau soleil réchauffe peu à peu la nature. J'ai décidé d'amener Albert pour débroussailler autour de la maison. Quant à moi, je n'ai rien à faire. Toujours pas de manuscrit. Cette situation commence à me préoccuper. Pourvu qu'il ne leur soit rien arrivé de fâcheux.

Mercredi 23 mai 2001

Aujourd'hui, j'ai trouvé un oiseau mort bien en évidence devant la porte de la maison comme si on l'y avait déposé intentionnellement. En faisant le tour du propriétaire, j'ai remarqué deux autres pinsons au pied du cerisier, une des dernières burlats encore dans leur bec. Étrange vision. Toujours pas de manuscrit. Je vais devoir espacer mes visites à la propriété.

Jeudi 7 juin 2001

Aujourd'hui, je suis accompagnée par Albert, notre homme à tout faire. D'origine anglaise, il se réjouit de venir à la maison pour passer la débroussailleuse après le second succès de Tony Blair aux élections législatives de son pays. Une mauvaise surprise nous y attend. La porte située à l'arrière semble avoir subie une ébauche d'effraction. Les doubles serrures ont résisté mais jusqu'à quand ?!! Nous avons averti la maréchaussée qui s'est empressée de venir constater les faits avec la promesse qu'ils patrouilleraient plus souvent. De toute manière, rien n'a bougé ou disparu dans la maison. Rien de nouveau également. Toujours pas de manuscrit. Je me fais réellement du souci.

Mardi 14 août 2001

Comme disait Agnès dans l'acte deux de l’École des femmes de Molière...le petit chat est mort hier soir chez moi. Je suis triste même s'il est mort de vieillesse...22 ans...ça fait un bail. Il s'est éteint comme on dit comme la flamme d'une bougie, entre mes bras. Je l'ai enterré à côté de son compagnon félin dans le jardin. Le temps a décidé de s'associer à ma peine...il pleut, une pluie fine, chaude, bienfaitrice contrairement aux premières averses acides de l'année. Le temps changerait-il ?...mais toujours pas de manuscrit. J'ai décidé de confier la sécurité de la maison à une société de gardiennage qui m'avertira s'il y a du nouveau, ce qui me permettra d'espacer mes visites à la propriété.


Mardi 25 décembre 2001

J'ai décidé de monter à la propriété en ce jour de Noël. Parait-il qu'il y a du nouveau. Une fois parvenue, ma surprise a fait long feu. Une seule photo avec un seul mot était posée sur la table du salon. » Joyeux noël » disait-il signé par tout le groupe. Aux dernières nouvelles, il semblerait qu'ils aient changé...de constellation vu le nombre de lunes en fond d'image....Ils semblent tous en bonne santé, ce qui me rassure quelque peu. Mis à part cela, pas d'écrit, pas d'aventure, le calme plat....



Mardi 13 juillet 2010


Les années se suivent et se ressemblent. Plus de nouvelles depuis ce mois de décembre 2001. Je suis passé tous les ans pour laisser le soin à la nature enfin de reprendre ses droits. La maison est entourée par une végétation luxuriante et abondante. Le parc est une forêt vierge et a étouffé peu à peu cerisiers et noyers. La cabane au fond du jardin disparaît sous le lierre et le tout se confond avec la nature elle-même. Poussière et toiles d'araignées ont envahi les pièces d'habitation depuis que je n'y passe plus. C'est triste une maison vide de ses occupants. C'est comme une petite mort....la vie...la solitude....l'oubli. J'entendais parfois, lorsque ma santé me le permettait et que j'allais aux nouvelles, des rires d'enfants courant des les couloirs et les supplications des adultes intimant le silence ou le griffonnage saccadé de la plume sur le papier lors de l'écriture du premier roman de mon ami dans la bibliothèque ou bien l'odeur particulière des milliers de livres qui ornaient la pièce d'où s'échappaient parfois des fumerolles empreintes d'aventure, aux senteurs des îles sous le vent balayées par la brise marine iodée et vivifiante. Tout cela avait disparu, d'un autre âge....celui d'un souvenir éternel et puissant.

Ainsi s'achève ces quelques phrases comme une vie aux portes du passé. Je ne reviendrai pas dans cet espace entre vallée et côteau, cette maison entourée d'essences odoriférantes et de lierre grimpeur. Je ne suis plus très jeune et comme toutes les vieilles personnes, il ne me reste que la mémoire....la plus importante...celle du cœur.


mardi 26 décembre 2017

Premier jour dans l'inconnu

13 avril 2001-
Un an que je n'ai plus de nouvelles du groupe depuis qu'Ils ont passé le vortex. Ils m'ont laissé la maison à garder. J'y passe fréquemment pour aérer et nourrir les bêtes pour la semaine. Je suis une amie de Chris n°2 comme il se fait appeler. J'ai décidé de rédiger un journal jusqu'à son retour. Le printemps pointe le bout de son nez. Les cerisiers commencent à bourgeonner malgré des pluies de plus en plus incessantes et les mini-tornades qui déracinent les jeunes plants du jardin.

19 avril 2001

Aujourd'hui, je viens d'enterrer un des deux chats. Je crois que le pauvre animal est mort de mélancolie. Triste journée pour la gent féline. Le temps est encore à la pluie, une pluie acide dit-on en milieu informé. La terre fume au contact de ces gouttelettes meurtrières. Je vais essayer de ramener chez moi le chat survivant car tout seul il risque de suivre bientôt le même chemin que son frère.

28 avril 2001

C'est accompagnée par un beau soleil matinal que j'ai abordé le sentier qui conduit à la propriété. Une surprise m'y attendait : des dizaines de feuillets manuscrits provenant de Chris. Mon devoir de mémoire est de les retranscrire sans rien changer dans mon journal. Cette nouvelle me réconforte. Il a trouvé le moyen de traverser le ou les portails menant à cet univers pour y laisser le résumé de ses aventures ainsi qu'un petit mot à mon nom même si, en ouvrant les contre-vents de la cuisine, j'ai découvert une note collée au réfrigérateur qui disait «  où sont passés mes chats ? »....Il faudra bien que je le mette au courant. Le mot qu'il m'a laissé est bref, rédigé en ces termes.....


« Ma tendre amie,
De passage entre deux sauts dans le temps, je te laisse le soin de retranscrire ces quelques pages griffonnées à la hâte : c'est le résumé de nos pérégrinations dans le passé. Beaucoup de choses se sont produites depuis notre départ et je n'ai pas toujours eu l'occasion de les relater plus en détail. Je ne sais si c'est dû aux « sauts temporels inter dimensionnels » mais j'ai des soucis avec ma mémoire, ce qui ne me rassure guère pour la suite à venir. J'ai en cela l'exemple de notre petite Yahma, une jeune hindoue laissée à notre protection qui semble s'être « évanouie » lors du passage vers l'époque pharaonique. Personne à part moi semble s'en souvenir ce qui me conforte, pour l'instant, sur la constance de mes propres neurones mais beaucoup moins sur ceux de mes compagnons de voyage. J'en ai fait part à nos hôtes, lesquels m'ont assuré sans autres explications que tout allait bien et que l'avenir de notre petite protégée n'était pas en danger. Je ne sais ce que cela signifie. »
---------
Après avoir déposé Wotan à l'endroit qui lui convenait, nous avons remonté le temps et regagné l'époque conforme à la feuille de route du vaisseau. A ce moment même, nous survolons le Pacifique et nous devrions nous diriger vers le continent américain. Les filles ont le nez collé au hublot. Vue dans haut, la Terre est magnifique. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la planète bleue. C'est un souvenir inoubliable que nous allons engranger pour nos vieux jours et il est nullement question de perdre une seule parcelle de nos cellules grises à cette évocation. Pour cela, nous suivons le maître des lieux et son épouse jusqu'au complexe Euréka, l'intelligence artificielle, le cœur du vaisseau.
La salle est immense, à la mesure du complexe technologique qui trône en son centre occupé par une multitude d'écrans indiquant toutes les données relatives au temps, à l'époque, aux lieux et aux moindres événements actuels qui s'y rapportent.
Des sièges sont installés devant cette imposante encyclopédie du temps et de l'espace. Chacun choisit le sien non pas que nous soyons fatigués mais parce que le maître de Génésis a donné l'exemple et qu'il semble vouloir se lancer dans un discours on ne peut plus sérieux, intéressant et.... inépuisable.
-mes amis, commence-t-il, nous allons aborder l'Amérique par l'extrême nord, votre Alaska. J'ai voulu, avant de gagner l'endroit programmé par Euréka, vous faire découvrir le lieu où j'ai passé mon enfance...il y a déjà très très longtemps. C'était avant le Déluge....
-le Déluge ?...osais-je
-Oui, mon ami, le Déluge avec un grand D, celui relaté dans les tablettes d'argile du treizième siècle avant Jésus-Christ, celui de l’Épopée d'un roi mésopotamien, Gilgamesh, assimilé à Noé pour le compte de la Bible quelques deux mille six cents ans plus tard.....
A cet instant, il se tut, les invitant à regarder en silence cet écran qui diffusait des images en trois dimensions de cette contrée d'un blanc immaculé qui se présentait devant eux, parsemée d’îlots de verdure, de forets immenses et de lacs d'un indigo magnifique.
C'est renversant de beauté. Les yeux rivés sur ces images, Gar ne peut s'en détacher. A chaque fois qu'il le désirait, il survolait le domaine ancestral si cher à sa jeunesse. De ces espaces encore si présents à sa mémoire, il conservait l'espoir de les revoir toujours, aussi longtemps qu'il vivrait. Cette forme d'introspection avait cependant un défaut, celui aussi des moments pénibles comme celui de son départ précipité de la planète dû à l'absence d'informations, au mutisme des sondes d'explorations, aux catastrophes naturelles qui les avaient propulsés hors de la galaxie. Ils avaient alors remonté le temps en flirtant avec un trou noir et fondé une colonie dans une nouvelle ère face à des ancêtres régressés à l'âge de pierre. Gar se demandait encore comment ils avaient pu survivre au cataclysme du déplacement orbital, confinés dans leur « blockhaus » au centre de l’hyper borée. Mais, c'était ainsi, ils avaient survécu, épargnés par le temps, construit un nouveau domaine au centre d'une terre en plein océan, une nouvelle civilisation qu'on appelait autrefois....l'Atlantide. Au fil des siècles, ils avaient voyagé dans leurs chariots de feu, instruit et amélioré l'aspect génétique de la civilisation montante...jusqu'au Déluge qui s'était abattu sur leur terre, fragmentant l'écorce et engloutissant leur nouveau paradis dans l'océan. Seuls quelques initiés avaient survécu en gagnant les étoiles. Gar avait été de ceux-là, comme tous ceux qui l'accompagnaient, au prix d'énormes sacrifices : celui de son père Zeumésis, sa mère Téléia et sa sœur Héraclia.
En retrouvant pour un instant ces forêts immenses, ces lacs d'un bleu profond habillés de transparence et de reflets montagneux aux pics enneigés, l'esprit de Gar, peu à peu, vagabonde le long de ces prairies à la faune diversifiée, à la flore multicolore, le cours des ruisseaux qu'emprunte une myriade de poissons tachetés remontant le courant des torrents parsemés de cascades printanières, Gar retrouve une partie de son enfance et ferme les yeux à cette évocation. Souvent, à cet instant, Hélis le réveille dans cette douce béatitude...le rêve s'achève...il n'en conserve que le souvenir.

mardi 19 décembre 2017

Par delà les étoiles

Le lendemain matin, une bonne odeur de pain et de café chaud plane dans les couloirs, s'immisce entre les panneaux de ventilation jusqu'aux pièces principales, un arôme que l'on ne s'attend guère à humer dans un vaisseau d'un autre temps. En fait, c'est ce qui réveille définitivement tout le groupe. Mai regarde sa montre.
-C'est inutile...Mai...impossible d'avoir l'heure, Les flux magnétiques du vaisseau bloquent le mécanisme.... ! souligne Richard

Une fois douchés et habillés, nous nous dirigeons vers la salle commune située au nord de l'appareil. Elle est circulaire, de dimensions modestes par rapport à la taille de l'astronef. Elle est réservée aux repas, ainsi qu'aux briefings et débriefings. Il est vrai qu'il n'est nul besoin d'un espace conséquent lorsque le nombre total d'occupants s'élève à peine à une dizaine d'individus dont la plupart sont des androïdes.

Lorsque nous pénétrons dans la salle, tout le monde est déjà là....Gar, le maître de céans, son épouse Hélis, le conseiller Acadéus, le sage Antinéus, Zora, la cybernaute, Naakéma, l’Élue des étoiles ainsi que deux cyborgs techniciens ; les deux autres, absents, restant affectés à la maintenance dans les combles du vaisseau, le temps d'un repas qui ne dure jamais longtemps.

Avant de nous asseoir, Gar intime le silence, chose difficile pour Mai et Moon décidées à engager la conversation avec Hélis qu'elles trouvent absolument charmante puis, s'adressant à nous six....

-Mes amis, je profite que nous soyons tous réunis pour vous faire une offre que vous accepterez ou refuserez suivant votre bon vouloir. En ce qui nous concerne, notre planning est déjà trâcé. Nous allons continuer à survoler votre planète à la recherche de civilisations auxquelles nous allons inculquer les bases de la connaissance afin qu'ils puissent prétendre à un avenir raisonnable. C'était notre tâche primeure, notre obligation de conscience avant votre venue, rien n'a changé. En outre, votre arrivée parmi nous nous oblige à y inclure provisoirement deux options supplémentaires. La première concernera la décision que vous allez prendre maintenant, suite à ma proposition. Vous aurez cinq minutes pour vous décider. Une fois celle-ci prise, vous ne pourrez revenir en arrière. Alors, comme on dit chez vous, pesez le pour et le contre, individuellement ou en globalité. Voici ma proposition :
Le voyage que nous allons entreprendre durera plusieurs mois de votre temps ; Alors.... ou vous nous accompagnez et serez considérés comme des visiteurs non décisionnaires...ou je vous ramène dans votre siècle au jour et heure que vous déciderez....vous avez cinq minutes.

L'ultimatum était alléchant bien que brutal et déjà, je sentais chez certains de mes amis, ce petit goût de l'aventure qui plissait la commissure de leurs lèvres comme Richard, Chris et leurs compagnes. Par contre, J'avais des doutes sur le jeune Wotan. L'expression de son visage dénotait déjà un refus mitigé. Il est vrai que lui, le randonneur égaré avait tellement vécu d'aventures et de déboires en notre présence.... en traînant parfois un boulet au pied... sa famille... de laquelle il avait été séparé depuis plus d'un an. On ne pouvait lui en vouloir. Quant à moi, bien que cette nouvelle aventure me terrifia, mon esprit restait fidèle à mes amis et vagabondait déjà dans ce fructueux et mystérieux plongeon dans la Connaissance, l'histoire du Monde et de ses civilisations.

Richard prit à part notre compagnon d'infortune, lui parla quelques secondes puis se tourna vers Gar, le maître de Génésis.

-Nous avons pris notre décision...maître Gar...Pour cinq d'entre nous, nous continuons avec vous. Nous sommes d'accord sur les termes de ce voyage en tant que visiteurs non décisionnaires MAIS ...car il y a un mais, le jeune wotan qui nous suit involontairement depuis plus d'un an aspire à rentrer chez lui, dans sa famille....cela peut-il se faire ?

-Je n'ai qu'une parole...répliqua Gar...nous le déposerons à l'endroit et au moment où vous l'avez rencontré...ni avant...ni après.

-vous n'avez pas peur qu'il raconte son histoire..... ?

Gar eut un sourire en coin....

-Qui le croira....vos centres spécialisés très cartésiens sont plein de ces désignés illuminés...qui ont vu des choses dites inexpliquées que personne n'est préparé à croire du moins pas encore.


vendredi 15 décembre 2017

Entre deux mondes

Rêve ou réalité

Allongé sur cette couche en suspension que j'affleure à peine, je sens mon esprit qui s'abandonne et se détache. Je m'élève, quittant cette enveloppe en léthargie et m'égare au delà de cet environnement si froid et pourtant si rassurant. J'arpente ce long couloir où mes pas m'ont conduit, au temps passé, jusqu'à la lumière d'un écran transparent qui attire ma conscience hors d'elle. J'ai peine à la détacher de ce firmament étoilé en expansion qui glisse sur ce vaisseau d'un autre âge. Au moment où je me sens définitivement attiré par cette beauté stellaire, je suis refoulé vers ce corps qui est le mien, qui me sied si bien pour vivre mais si mal pour rêver.....car Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, comme un rêve familier emprunté à Verlaine où la femme est nommée mais lasse par son absence. Je suis seul. La nuit est séculaire, envoûtante et lénifiante ; elle efface mes doutes, le quotidien des maux et calme mes angoisses, pour survivre au jour qui se répète, son cortège de douleurs et la sérénité de sa nuit rhabilleuse de forces.

jeudi 14 décembre 2017

Retrouvailles

Ligotés, encadrés par la soldatesque, tout le petit groupe fut amené devant Pharaon. Ce dernier semblait en pourparlers avec le géant blond aperçu sur la plateforme volante en compagnie du visiteur alien. Richard s'avançait pour plaider en faveur d'une clémence et expliquer le motif de leur présence en ces lieux lorsqu'il reçut un violent coup à l'arrière du crâne, coup donné par un soldat zélé. Il eut le temps d'entendre les vociférations de Mai, outrée par un tel procédé puis Il tituba et s'effondra à terre, sonné.

Lorsqu'il se réveilla, il fut surpris de trouver tout le groupe souriant, autour de lui .

-Qu'avez vous à sourire ainsi...on dirait que ça vous fait plaisir que l'on m'ait assommé et d'ailleurs...où sommes nous ? bougonna t-il en se tâtant le crâne, trouvant une bosse grosse comme un œuf de pigeon.

-Tu es dans mon vaisseau....vieux râleur....dit une voix derrière le groupe lequel s'écarta pour laisser passer la seule personne qu'il ne s'attendait pas à voir dans ce siècle perdu....

-Gar ! cria t-il.....il me semblait bien que je n'avais pas rêvé...mais je n'en étais pas sûr.....

Les deux hommes se serrèrent la main après une fraternelle accolade. Puis, maître Gar les pria de le suivre dans une immense salle où se tenaient déjà tout le personnel déjà connu du groupe lors de la précédente incursion en Perse. Les retrouvailles furent chaleureuses. Tout ce petit monde gagna la table déjà servie et Maître Gar en profita pour leur expliquer la situation ainsi que sa présence en ces temps reculés.

-Mes amis, après vous avoir déposés sur votre voilier il y a deux ans, nous avons regagné notre monde, un monde en ébullition puisque une guerre terrible s'y déroulait. Des éléments inconnus, des parasites avaient envahi la planète durant notre absence et une résistance acharnée s'était constituée afin de bouter les envahisseurs hors de notre système. Le conflit dura près d'une année de votre monde. Nous avons subi d'énormes pertes et la situation allait nous échapper lorsqu'une vague de vaisseaux venus de la constellation d'Orion vint à notre rescousse. Ils pourchassèrent les belligérants vers un trou noir où ils s’engouffrèrent. En fait, nos nouveaux amis dont vous avez vu quelques spécimens à Gizeh font partie de la CIO, définie ainsi Coalition Intergalactique d'Orion regroupant 21 planètes. Entre parenthèses, cette coalition fédérative fréquente assidûment la vôtre en toute discrétion.....et

-Pourquoi n'en avons nous jamais entendu parler ? fit Chris, coupant la parole à Gar qui n'apprécia qu'à moitié...

-La raison est simple et vous la comprendrez aisément...à cause de tous vos conflits et votre recherche du pouvoir absolu. Tant que votre Terre restera dans cette soif de conflits armés, que vous n'arriverez pas à museler cette violence qui vous caractérise, rien ne sera possible. Une approche a été faite dans vos années 40, sans succès.....vrai ? Ce besoin de tirer d'abord et discuter ensuite, c'est dans vos gènes. Vous n'êtes pas fiables.... Maintenant, si vous le permettez, je continue.... Nos nouveaux amis ont des millénaires d'avance technologique sur nous et des milliards sur vous. Depuis la nuit des temps, ils arpentent l'univers de long en large, essaimant le savoir, la sagesse, les mathématiques et les sciences de la vie. Ils visitent les planètes habitées et initient leurs occupants en leur inculquant le meilleur moyen de progresser vers l'avenir suivant le degré d'évolution auquel ils sont confrontés. En conséquence, chez vous, depuis la préhistoire....le génome manquant, c'est eux, produit avec une race déjà évoluée, la nôtre afin d'éviter toute dissemblance morphologique. Ce petit pois supplémentaire dans la tête...oserais-je...c'est nous. Puis, ce fut plus tard, les Sumériens, les Étrusques, les akkadiens, les Égyptiens. Ces derniers étaient dans l'ignorance la plus totale. Ils ignoraient même la roue. Bref, Ils avaient besoin d'une base servant de tremplin pour leur exploration autour de la Voie Lactée. Ils ont tiré les plans au degré près pour les futures fondations de trois monuments pyramidaux en rapport avec la constellation d'Orion il y a 13000 ans avant votre ère. C'est le plateau de Gizeh qui fut choisi où nous étions et où nous avons déposé les blocs nécessaires aux futures constructions. Ils ont formé des architectes, leur ont appris les rudiments de cette science afin qu'ils s'assument pleinement dans cette magnifique création.

Mai sort de son mutisme....

-Pardon....lorsque vous dites « Ils », ce sont les géants qui étaient avec vous...maître Gar ?

-Oui. Une des races qui peuplent l'Univers....ce sont les Eridaniens., nos voisins et amis.

-Ah !.il y en a d'autres ? combien sont-ils? Je croyais que nous étions les seuls dans l'Univers...d'ailleurs, il n'y avait pas que moi.....dit-elle comme pour minimiser son arrogance...

-Non !! s'écrit-il.... c'est incroyable...vous croyez être la seule race qui évolue dans cet univers ? Vous croyez être le nombril du monde...comme d'habitude ? Les seuls êtres vivants insufflés parla Source ?

-non ! grand dieux ! loin de moi cette idée....J'espérais que non.

-Mai.....l'Univers compte des milliards de galaxies, des milliards de soleils et des milliards de planètes autour de soleils...l'Univers n'a pas d'âge et est infini. Nous le parcourons depuis des milliards d'années, et nous n'en avons jamais vu la fin......bref, si nous nous basons sur votre astronomie au plus près de vos années lumière, il y a....voyons....les Nébula...les Messier...les Ori...les Lépantes...les Monsero de la Licorne....les Procyon du Petit Chien...les Rigelis...les Thôt...les Seth...et surtout...que je n'oublie pas les Phré...les Harsiésis...les Apophis...les Osiris....les Rasiiens et plein d'autres que je ne citerais pas, éloignés de plusieurs centaines de vos années-lumière,....d'ailleurs pour une bonne raison, ils sont plutôt belliqueux...un peu comme vous !....termina-t-il.

-belliqueux....jusqu'à quel point ? avança Richard.

-belliqueux au point de vous asservir et, en cas de rébellion de détruire votre planète...comme ça...fit-il en claquant des doigts. Nous les avons refoulés il y a quelques siècles en bloquant d'un filet d'énergie pure leurs trous de ver. Ils sont en léthargie mais Ils reviendront...c'est sûr....et nous serons là...à les attendre pour les refouler à nouveau.

-vous pouvez pas les envoyer ad patres? Émit Moon pour faire sentir sa présence

-Non, Moon.....Notre code nous interdit d'éradiquer une race formée par notre mère, la Source. Cela fait partie de la loi universelle adoptée par la coalition à l'Unanimité. Quiconque déroge à cette loi est exclu de la Fédération des Cinq Constellations entourant Orion. Cette mesure comprend l'exclusion, la non-assistance conflit et le bannissement séculaire, définitif.

Richard se passa la main sur le front, visiblement surpris des déclarations de son ami. Cependant, une autre question lui brûlait les lèvres. Il se lança....
-Pour revenir à notre incursion égyptienne, nous nous sommes aperçus qu'aucune pyramide n'avait été érigée....pourtant, c'est bien la tête du Sphinx qui a été taillée par ton engin volant....l'alien qui t'accompagnait, c'est lui qui va construire la pyramide de Khéphren  et le Sphinx ? Tout seul ? Il y a quand même un sacré morceau à monter....vu l'âge du pharaon, son temps est compté....alors....

-non, il n'est pas seul. il s'occupe de la taille des blocs pour l'assemblage à la mesure astronomique. Pour la construction, il va faire appel à deux androïdes, des êtres de cinq mètres de haut, à moitié humain, à moitié robot....des mutants d'Eridani à face humaine, anciennement belliqueux et domestiqués par nos soins. Ce sont eux qui vont monter les blocs et effectuer tous les tracés..... Maintenant, arrêtons de parler et mangez. Demain est un autre jour et nous aurons à faire....tous !




samedi 9 décembre 2017

les visiteurs

Une odeur de bière...c'est la première sensation olfactive que l'on découvrit en posant le pied sur le sol de notre nouveau monde. On tâtonnait dans un environnement froid, obscur ; on se bousculait sans bruit hormis les excuses de circonstance. En progressant sur ce sol irrégulier mais sans aspérités, nous soulevions une légère poussière aux relents de terre froide et de sable humide qui remontait vers nos vibrisses.

Puis, ce fut...le silence....cette ambiance tapie au fond d'un environnement dénué de sons, à la limite du supportable qui nous enveloppait par instants et où se raccrochaient quelques couinements jetés au hasard de nos pas mal assurés.

Il y avait quelque chose de menaçant dans ce trop grand silence.

A mesure que nous avançions, nous sentions l'atmosphère se réchauffer. La lumière était au bout de ce long couloir. Nous la vîmes, nous la sentions par réflexion...c'était une lueur vive, bienfaitrice qu'accompagnait un air chaud, piquant et sec. De chaque côté nous distinguions de hautes jarres scellées par un bouchon fait de paille et d'argile. Sur leur ventre, des idéogrammes y étaient apposés....difficiles à décrypter sans connaître.
Aveuglés par le soleil au sortir de la pénombre, nous avons eu le temps de planter le décor, un décor fait de palmiers, de maisons basses, au toit balcon, blanchies à la chaux, entourées de roseaux et de dunes de sable. Au détour d'une rue, nous sommes tombés sur un atelier en plein air. Notre tenue, anachronique, avait fait sensation auprès d'une dizaine d'ouvriers, torse nu, à genoux sur de grandes pierres plates en plein travail de broyage. A côté d'eux, des paniers en osier étaient remplis de froment, d'herbes diverses et de sucre de dattes.
A proximité d'un four archaïque, un homme se tenait debout vêtu d'un pagne versant des pâtons frais dans des moules brûlants, prêt à en faire dorer la croûte.
Plus loin, on entendait des cris d'enfants, près du fleuve.

-le Nil ?... avança le jeune Wotan .
-Exact, Wotan....nous sommes en Egypte....mais à quelle époque...çà...je l'ignore...il faudrait que ma vision s'élargisse, alors ...avançons ! dit Richard.

Le terrain était plat, pavé de grandes dalles crayeuses. Au bout, le fleuve avec la rive et un grand ponton où étaient amarrées quelques felouques. Nous remontâmes discrètement vers le nord en suivant une dune en surplomb du fleuve pour finalement nous arrêter près d'un mur en ruines. Trente mètres plus bas, le plateau de Giseh....sans les pyramides !

Le moment de surprise passé, Richard nous affranchit....

-Mes amis....en tablant sur l'histoire et l'archéologie de l'Egypte, la première pyramide aurait été érigée entre les années 2500 et 2200 avant Jésus-Christ. L'époque où nous sommes ?!....(il marqua une pause)....pour tout dire....je l'ignore.

Il continua sur sa lancée...

-maintenant...d'éminents archéologues après déchiffrage de hiéroglyphes ou d'anciens papyrus, ont prétendu que le Sphinx fut le premier monument à être construit.....et...

A peine avait-il fini sa phrase qu'une forme gigantesque remplit l'espace, masquant le soleil et le ciel sur plus d'un kilomètre...Le vaisseau glissa le long du désert et s'arrêta net à trois cent mètres du sol. Il resta ainsi quelques secondes. Puis, un faisceau de lumière translucide et bleuté descendit du centre du vaisseau, formant un couloir ascensionnel jusqu'à terre pour y déposer d'énormes blocs de pierre à peine dégrossis. Le déchargement effectué, il s'éleva et disparut vers le désert à la vitesse de l'éclair.
Tapis derrière notre abri de fortune, le temps pour nous de respirer à nouveau et nous eûmes droit à une autre surprise... l'arrivée d'un char finement décoré tiré par deux chevaux blancs et suivi par trois autres chars plus communs remplis de soldats armés d'arcs et de glaives .
Du premier descendit un homme de taille moyenne au visage régulier, d'une noblesse certaine. Il était vêtu d'un pagne finement orné de motifs dorés. Il était coiffé du némès à tête de cobra. Il arborait une barbe symbolisant la toute puissance d'un pharaon. Le second personnage était plus énigmatique, très éloigné de la représentation que l'on pouvait se faire de la race humaine. Sa taille surprenait..plus de huit pieds de haut, il semblait de constitution fragile tant ses membres supérieurs et inférieurs étaient démesurés et d'une extrême maigreur. Sa tête était longue, ovoïde, proéminente vers l'arrière, une face d'où ressortaient deux gros yeux noirs et globuleux qui se mouvaient tel un obturateur photographique. Il avait la peau comme le reste de son corps... gris souris, deux orifices en guise de nez qui humaient l'air en permanence et une fente sans lèvres en guise de bouche. Il se déplaçait avec difficulté et semblait souffrir de la chaleur. Il désigna d'une main à quatre métacarpes onychopathes le monticule de blocs laissés par le premier voyage puis, d'un geste en éventail, il balaya l'espace, soulevant un bloc plus important qu'il déposa sur un terrain plat , loin des autres.

Entre-temps, l'énorme vaisseau était revenu, masquant une nouvelle fois le soleil, avec un second chargement mais pas seulement. Du couloir ascensionnel glissa un engin ressemblant à un char circulaire métallique dans lequel deux visiteurs étaient à priori assis. L'un d'eux ressemblait à l'alien...même morphologie. L'autre aurait pu passer pour un humain de la Terre mais un humain extra large, un véritable colosse car il devait mesurer plus de huit pieds, sans parler d'une abondante chevelure blonde qui retombait sur des épaules impressionnantes.
-Il me semble.....s'écria Richard puis il se ravisa....non !.....c'est impossible !.....

-Quoi ?....interrogea Mai

-Rien chérie....la chaleur m'indispose...j'ai des hallucinations...conclut-il.

Le spectacle était plus bas...

Le chariot en lévitation resta un moment suspendu puis il s’éleva au-dessus du site. Tout le groupe demeura coi devant ce décor surréaliste et futuriste. Ce qui se passait devant leurs yeux était incontestablement inouï.
Soudain, de l'avant de la plate-forme volante, un faisceau bleu sortit d'un rostre métallique et enveloppa le plus important des blocs resté à l'écart qu'il scanna verticalement à plusieurs reprises, effectuant une taille nette aux arêtes à la fois douces et vives suivant un modèle bien spécifique, celui d'un Sphinx sans âge et éternel.

-Mes amis...s'exclama Richard....je sais à quelle époque nous nous trouvons....c'est le Sphinx qui m'a montré la voie...nous sommes sous le règle du pharaon Khéphren ou Khâef-Ré si vous préférez....le Sphinx a été taillé à son image...durant le vingt cinquième millénaire avant Jésus-Christ sous la quatrième dynastie....Par contre, je croyais voir érigée en premier la pyramide de Khéops....or, c'est celle de Khéphren... bah...

Soudain, en balayant l'air pour accompagner sa mise au point, sa main poussa par inadvertance un pan du mur qui s'effondra, entraînant une coulée de pierres qui dévalèrent la pente en direction du premier char.
Surpris, le pharaon fit un pas de côté et son regard en chercha l'origine. Pour la déconfiture du groupe, il les vit, cria en direction des soldats qui s'élancèrent vers les fauteurs de trouble....

-Il est temps de tirer notre révérence ! vite ! Retour à la case départ !....allez...allez !!! s'écria Richard.

C'était une course contre la montre...compte tenu des difficultés qu'ils auraient à surmonter s'ils étaient appréhendés...perdus dans ce siècle antique... sans parler de la barrière de la langue.

La distance diminuait entre la soldatesque et le groupe. Wotan avait du mal à suivre dans le sable et Moon avait, dans la précipitation, perdu du temps à rechercher son bracelet que lui avait offert Chris en Thaïlande.....si bien qu'ils furent bientôt entourés par une escouade d'hommes armés peu sympathiques enclins à tailler d'abord et parlementer ensuite....

qu'allait-il advenir d'eux ? chacun se regarda, n'osant imaginer ce qui allait suivre.....aléa jacta est !




mardi 31 octobre 2017

Le temple



En remontant le Gange, nous avions traversé des villages de l'importance de celui que nous avions quitté en fin de matinée. Plus nous pénétrions à l'intérieur des terres et plus la végétation se clairsemait. De rizières entrecoupées de petits canaux d'irrigation, parsemé de cases au toit rond de chaume entourées de quelques bananiers, planté de cognassiers et d'acacias qui servaient de refuge aux cercopithèques à la sexualité débridée, toute la petite troupe, qui s'était enrichie d'un autre membre, marchait sur un sol d'un rouge safran plus ferme, plus aride où buissons et herbes de savane constituaient la seule végétation sur plusieurs kilomètres. On quittait peu à peu le territoire généreux du Gange pour pénétrer dans les champs aux parcelles cultivées ceintes de bosquets, aux chemins de terre tracés au cordeau qui se croisaient et s'entrecroisaient en reliant les villages aux toits ronds.

A chaque entrée, nous faisions l'objet d'une attention bien particulière. Il est vrai que toute cette petite troupe d'étrangers flanquée d'une « bacca », une enfant...qui donnait la main à « deux peaux blanches », ce n'était pas courant. Mais les regards ne s'attardaient pas. Il n'y avait pas d'animosité, ni de curiosité malsaine mais seulement une forme d'accompagnement solidaire face à une normalité qui devait être ce qu'elle était, en ce lieu, en ce temps.
On captait quelques paroles au passage que Richard traduisait et dont il nous faisait profiter.....que Shiva leur soit clément disaient-elles....comme si les gens n'ignoraient rien du malheur qui avait frappé l'enfant et son village...plus bas...vers le fleuve.

En fin d'après-midi, nous avions fait plus de trente kilomètres à travers sentiers de terre rouge, routes bitumées et îlots de maisons de style favelas agglutinées les unes aux autres et protégées de la pluie par des toitures en tôle reliées entre elles .
Richard s'arrêta un instant sur le bord de la route devant un bâtiment en pierre blanche de construction plus récente dédié à la déesse Kali. On pouvait apercevoir la statue grandeur nature dans une alcôve entre deux colonnes en façade toute de bleu vêtue et ses bras ouverts avec, à ses pieds, un monticule de fleurs chatoyantes d'où s'échappaient des volutes de fumées d'encens.
-je me rappelle maintenant. Je suis déjà passé par là, il y a un peu plus de deux ans. Autant que je me souvienne, c'est un fait divers qui avait défrayé la chronique dans la région. Il y avait eu des disparitions inexpliquées dans un temple....tout près d'ici. Les habitants avaient mis cela sur le compte du courroux de la déesse, ce qui explique la vénération en fleurs et prières en tous genres dont elle bénéficie. Depuis notre dernière glisse, je m'explique mieux de quel phénomène mystérieux il s'agit. Peut-être est-ce là notre billet de sortie !...

Nous étions tous d'accord. Alors, nous nous étions mis en marche vers ce fameux temple situé en pleine campagne, le pas plus sûr et le moral plus serein.
Après avoir quitté la route, nous avions traversé de grands champs de patates, repris la route bitumée, croisé des autobus jaunes surchargés pour parvenir aux abords de la grande agglomération de Dacca.... mais pas de temple....
La rivière Narayanganj était tout près et plus nous avancions, moins il y avait de campagne.

Richard s'arrêta, réfléchit un instant, chercha l'aspiration en levant les yeux au ciel puis fit les cent pas en tournant comme un derviche, s'arrêta de nouveau et souleva son chapeau de brousse. Son visage s'illumina puis il nous fit signe de le rejoindre.

-mes amis...commença-t-il...puis il se tut.

Nous étions suspendus à ses lèvres, attendant la suite, ce qui énerva Chris qui voyait dans sa façon de faire le juste retour des choses, c'est à dire ce qu'il avait l'habitude de faire endurer à son frère....
Richard le regarda et sourit....un prêté pour un rendu sembla-t-il lui dire.

Excédé, Chris lui cria :
-Alors ?!!...accouche !

Ce qu'il fit...

-Mes amis....regardez sur votre droite, à dix mètres, écrit en bengali... que voyez-vous ?
Nos regards se tournèrent aussitôt pour apercevoir un panneau indiquant la direction fléchée de Masjid et portant en anglais l'inscription : Kotagachia road Bandar-Three Hindu Kali.


-Ahahah !... avait aussitôt Ironisé Chris...je me marre.. ahaha !!! .personne comprend le bengali...d'ailleurs...comment veux-tu comprendre ce p.....d'oiseau ?!!!

Cette boutade, à défaut d'avoir été dans le contexte de la situation nous avait fait longuement marrer....même la petite Yamha, sans comprendre pourquoi et malgré sa peine, y était allée de son rire cristallin......

Dix minutes plus tard, nous étions devant le temple, en rang, comme les sept samouraïs, pieds écartés bien campés sur le sol et les mains sur les hanches....prêts à en découdre avec l'inconnu.



dimanche 29 octobre 2017

Yamha (2)




Après une nuit sans histoires, nous avions abordé notre second jour avec humour. En effet, c'était les chèvres qui nous avaient réveillés en s'attardant, par des léchages répétés sur la figure de notre ami Wotan à moitié endormi, lequel s'était mis à hurler qu'on l'assassinait, ce qui avait déclenché l'hilarité des enfants du village venus nous voir, curieux de notre présence.

-que ne boirais-je pas un bon café...avait-il dit, remis de ses émotions et tout penaud de sa naïve démonstration.

-eh bien...avait répondu Richard, rassurant....c'est pas demain la veille !

Puis, plus sérieux :

-Nous allons repartir et laisser ces braves gens vaquer à leurs occupations non pas que nous les dérangions mais considérés encore comme des invités les obligerait à mettre leurs dernières roupies hors des escarcelles pour prolonger leur invitation. La petite est tirée d'affaire donc......

A peine avait-il fini de s'exprimer qu'un fracas assourdissant accompagné d'un barrissement bien particulier emplissaient le village. A l'entrée de celui-ci, un mastodonte dansait d'un pied sur l'autre en imprimant de sa trompe un mouvement circulaire, balayant les fragiles habitations et leurs occupants comme des fétus de paille. J'avais entendu bien des histoires sur des éléphants fous détruisant des villages entiers mais c'était la première fois que j'en étais spectateur.

L'animal avançait de quelques mètres puis reculait d'autant comme si cette démonstration de force et d'intimidation allait le soustraire de sa folie. Il n'en était rien. A priori, ce dernier souffrait. De profondes plaies situées sur son flanc témoignaient de sa fureur....le tigre....puisque c'était lui....s'était attaqué au pachyderme, lui labourant le ventre et l'arrière-train. Aveuglé par la douleur, l'animal s'était rué en avant, piétinant au passage tout ce qui se présentait. Les chiens furent les premiers à affronter l'animal, aboyant sans arrêt. Quelques villageois intrépides tentèrent de le repousser à grand renfort de cris en tapant du bâton sur le sol lorsque soudain la bête s'arrêta de bouger quelques secondes, poussa un long barrissement comme une mise à mort et traversa à toute vitesse le village pour se diriger vers le Gange. Puis, il rentra dans l'eau, surnagea quelques minutes et disparut bientôt à nos yeux.

Après son départ, nous constations les dégâts. Le village n'était plus qu'un amas de terre, de paille et de bois enchevêtrés. Quelques corps sans vie émergeaient des décombres. Le malheur était passé par là, en cette matinée, pourtant annonciatrice d'une belle journée. Les gallinacées couraient en tous sens en caquetant, les enfants, affolés, tentaient sans sucés de rassembler les chèvres et les rentrer dans l'enclos. Rassemblés autour du banian, nous avions suivi la scène apocalyptique avec effroi, abasourdis par tant de violence.

Mai et Moon, en pleurs, s'étaient ruées vers le lieu où résidaient la famille de Yamha, à l'entrée du village. La maison était en ruine, éparpillée sur cent mètres. Elles s'étaient approchées pour constater l'horreur. Le couple et deux enfants n'avaient pas survécu. Ensevelis, piétinés, ils avaient été les premiers à subir le courroux du pachyderme. Des gémissements à peine audibles sortaient des décombres. Arrivés derrière elles, nous les avions aidés à déblayer avec précaution l'endroit d'où ces derniers nous étaient parvenus pour enfin apercevoir le visage plein de terre et de larmes de la petite Yamha, seule rescapée de la famille. La pauvre enfant était choquée, ouvrait de grands yeux, épouvantée. Elle avait la bouche ouverte mais plus aucun son n'en sortait. Mai la prit dans ses bras et la serra tendrement contre elle pour essayer d'évacuer ce trop plein de frayeur et de stress qui empêchaient l'enfant de pleurer.

En faisant le bilan de cette terrible matinée, nous avions constaté qu'il ne subsistait de vivant que la moitié du village. La plupart des enfants qui se trouvaient à l'extérieur des maisons avait survécu. Une bonne chose mais qu'allaient-ils devenir ?

Richard, par expérience, fournit l'explication.

-Le malheur atteint toutes les couches de la société mais seuls les gens simples s'en accommodent... avait-il dit...les amis....regardez ces gens...noyez vous dans leurs regards....j'en ai vu beaucoup qui leur ressemblaient dans le monde mais surtout ici, en Inde. Ce sont des personnes qui n'attendent de la vie que ce qu'elle leur offre, sans plus. Arrachez les à leurs peines, à leur douleur, à leur misère, vous trouvez plus de compassion en eux que dans notre civilisation occidentale dite évoluée. Nous réfléchissons à prendre un enfant dans la peine et à le considérer comme le nôtre parce que cela fait une bouche de plus à nourrir ou pour un tas d'autres raisons souvent insignifiantes... mais ces gens.....ces gens, regardez les comme ils s'avancent pour serrer dans leurs bras les orphelins, les enfants de leurs voisins, de leurs amis....Vous trouverez dans ce geste autant d'amour qu'ils procurent à leurs propres enfants. C'est leur façon de vivre, de réagir contre le fatalisme qu'ils ressentent bref...on a l'impression que c'est dans leurs gènes. En ce qui nous concerne...dans la majorité des cas...gènes que nous n'avons pas...

-Et pour Yamha ?

Mai vient de poser la question. Elle sent l'enfant qui s'accroche désespérément à elle avec ce regard qui ferait fondre une banquise. Mai détourne son regard, se retourne, gênée par ses propres larmes. Elle s'en veut d'être si sensible, de montrer à l'enfant qui est dans ses bras combien elle est impuissante à les refréner....d'être si humaine.

Le chef du village qui a survécu s'approche d'elle. Il voit que l'enfant est dans ses bras. Il pose délicatement une main sur son épaule, semble la caresser et lui adresse un sourire plein de bonté puis il fait demi-tour et regagne ses congénères.

-Attendez !. !.. semble crier Mai mais l'homme poursuit son chemin.
-Attendez !...poursuit-elle mais la voix s'atténue comme paralysée par l'émotion, l'incompréhension du geste.
Elle regarde Richard cherchant une aide. Ce dernier s'approche d'elle et lui dit :

-Ma douce....pour faire court....nous avons un nouvel enfant dans notre famille....chacun des villageois rescapés à pris un enfant chez lui en plus du sien. Il incombe que, de notre part, nous participions à ce disons sauvetage....

-mais !...Richard.. c'est pas possible....et comment ?..s'exclame Mai.
-Comment ?......répète-t-elle

-Eh bien...répond-il, serein....il va falloir que j'aille voir un ami qui se trouve au gouvernement indien, qui s'occupe des adoptions pour légaliser notre petite Yamha....un seul hic et plutôt de taille...je me pose deux questions.... premièrement, EXISTE-T-IL DANS LE MONDE PARALLELE QUE NOUS VENONS DE TRAVERSER ? Et secundo...SI J'EXISTE DANS CE MONDE.....SUIS-JE EN RELATION ET EN BONS TERMES AVEC LUI ?... dans le cas contraire.......demain est un autre jour !

(à suivre)